XIIe siècle : Arpajons, Cisterciens et Hospitaliers

Hospitaliers à Saint-Jean de l'Hôpital

 

Pour aider les pèlerins, deux ordres militaires monastiques sont créés : les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1113) chargés de l'hébergement et des soins aux pèlerins… et les Templiers (1120) chargés de protéger les voies de communication et d’assurer la sécurité des pèlerins.

Pour financer leurs actions, Templiers et Hospitaliers reçoivent de très nombreux dons…

L'Ordre du Temple s'implante en 1153 lorsque Raymond, abbé de Gelonne (Saint-Guilhem-le-Désert), lui donne l'église de Sainte-Eulalie. En 1159, Raymond Bérenger, comte de Barcelone et roi d'Aragon cède à l'Ordre tous ses droits sur ce village et toutes ses possessions sur le Larzac. Suivront de nombreuses autres donations de petits seigneurs locaux, de l'évêque et du Comte de Rodez, de l'abbé de Conques... Petit à petit, les Templiers deviennent les principaux propriétaires fonciers du Larzac (en 1307, lors de l'arrestation des Templiers, l'inventaire des commissaires royaux comptabilisera 35 chevaux, y compris ânes et mulets, 22 bœufs de labour, 120 bovins, 24 porcs, 180 chèvres et 1 725 moutons répartis entre Sainte-Eulalie et La Cavalerie).

 

En 1160, l'église Saint-Laurent de Martrin ainsi que les droits qui lui sont attachés sont donnés aux hospitaliers par le vicomte de Broquiès et par son vassal Escafre, seigneur de Curvalle, auxquels se joignent Raymond-Gui de Combe des Ours (Camboussière sur la commune de Plaisance), lui-même vassal du Seigneur de Curvalle, et sa femme Guida, qui à cette occasion font entrer leur fils Bertrand dans l'Ordre de Saint Jean de l'Hôpital.

Les Hospitaliers sont aussi implantés à l'Hôpital Bellegarde (commune de Réquista), à Farret, etc.

 

Sur la commune de Motclar, ils possèdent l'église de Saint-Jean de l'Hôpital (Espital de Sant Joan) également appelée Saint-Jean-des-Cabilladouires. En 1176, Imbert de Curvalle leur donne le mas de Cazelles.

 

Cisterciens à Saint-Igest

 

L'abbaye de Bonnecombe est fondée en 1163 par douze moines de Candeil (commune de Comps-Lagranville). C'est la plus récente des abbayes cisterciennes du Rouergue (suivront Sylvanès Beaulieu, Bonneval, Loc-Dieu, Nonenque). A sa création, elle bénéficie de soutiens importants de la noblesse locale, dont celui du comte de Rodez Hugues II et de ses frères Richard et Bernard d'Arpajon. Les donations affluent !

  • En 1171,  Bernard de Castelpers donne à l'abbaye de Bonnecombe des terres et surtout des vignes à Saint-Igest. D'autres seigneurs plus ou moins proches font aussi des donations…
  • En 1174, Pons de Raymond, de Brousse, donne au monastère de Bonnecombe une terre qu'il a dans la paroisse de Saint-Izest. Toujours en 1174, Bernard de Raymond donne à Hugues, abbé, le cens du mas de Cabriolenc (peut être s'agit-il du Cabriol) et la moitié du fief du mas de Podio (???), ainsi que le cens et les dîmes du mas de Vilar, situé dans la paroisse du Lobous "aux appartenances de Colnac" (Connac).
  • En 1177, Pons de Raymond et Pierre de Frotard, son fils, donnent, à Hugues, abbé, et aux moines de Bonnecombe, tout ce qu'ils possèdent dans la vigne dont fut tenancier Pierre d'Armand, laquelle est contigüe à celle que leur donna Bernard de Castelpers dans la paroisse de Saint-Izest.
  • Pons de Raymond donne encore, en 1183, à Ranulfe, abbé, la terre et la vigne, situées près des vignes qui avaient appartenu à Bernard de Castelpers, dans le territoire de Saint-Izest.

 

Ces terres sont à l'origine rattachées à la grange (terme utilisé pour définir un des grands domaines de l'abbaye) de Moncan sur le Lagast. Plus tard, elles seront regroupées avec les terres de Lavabre (commune de Connac) données en 1245, mieux orientés pour la culture de la vigne, et où Bonnecombe construit une "grange" en 1245 (tour encore visible et reconstruite au XIXe siècle).

 

Il faut savoir que les moines de Saint-Igest traversaient alors le Tarn en barque ou à gué pour aller cultiver leurs vignes sur les coteaux de Lavabre et Connac.

 

En revanche, l'église Saint-Michel de Saint-Igest (qui sera reconstruite au XIXe siècle) dépend de l'abbaye de Vabres qui nomme son prieur. A noter l'organisation de la cohabitation entre les cisterciens de Bonnecombe et le prieur de l'église spécifiée dans un accord passé en 1217 : le prieur et sa famillia habitent la sala et les domus inferiores et supériores selon ses habitudes. Quand ils viennent à Saint-Igest, les frères de Bonnecombe et leurs serviteurs occupent les domus inferiores et superiores et peuvent y rester tant qu'ils veulent. Ils y mettent montures et logent leur mobilier et leurs vases dans la domus inferiores, chacun s'organisant de façon indépendante. Aux vendanges, la première nuit d'arrivée des moines, le prieur nourrit jusqu'à cinq moines. Le lendemain et les jours suivants, ils mangent "de suo". Avec un tel accord, Bonnecombe se satisfait d'une occupation saisonnière tandis que Vabres cède provisoirement l'usage de son bâtiment mais ne quitte pas sa place.

 

Les bâtiments (domus) occupés par le prieur et/ou les moines existent toujours. Ils sont actuellement la propriété de la famille Constans. A noter une grande cave voûtée sur toute la longueur de l'habitation ainsi que deux cheminées du XVe et XVIIIe siècle encore visibles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carte des possessions de l'Abbaye de Bonnecombe

Source : http://cisterciensenrouergue.fr

La famille d'Arpajon à Montclar

 

Le Château de Brousse apparaît en 975, lorsque Garsinde, comtesse du Rouergue, le donne à Amelius, son neveu évêque d'Albi. A la fin du XIe siècle, Richard de Millau constitue le comté de Rodez : Brousse reste dans sa zone d'influence.

Les comtes de Rodez semblent avoir ensuite donné Brousse à la famille de Cabrières.

En 1204, Rique de Cabrières (qui possède aussi le château de Durenque) se marie avec Bernard d'Arpajon. Brousse-le-Château reste pendant les 500 ans qui suivent dans le giron des Arpajon…qui contrôlent également Broquiès.

Le cœur de la seigneurie des Arpajons est à Calmont-de-Plantcage. Fondateur du lignage, Bernard d'Arpajon est probablement un fils illégitime du comte de Rodez Hugues 1er. Ce qui expliquerait pourquoi les membres de cette famille prennent place juste après les comtes de Rouergue. Par ailleurs, ils sont parmi les premiers à porter au milieu du XIIIe siècle le titre de baron en Rouergue. Calmont restera la résidence principale de la famille d'Arpajon jusqu'au début du XVIe siècle, date à laquelle elle s'installe à Séverac, qu'elle obtient à la suite d'un long procès. Le siège du duché reste toutefois à Calmont jusqu'au au début du XVIIIe siècle, date à laquelle il est vendu à Jean de Cadrieu.

 

En 1251, l'église Sainte-Marie de Brousse figure dans le testament de Rique de Cabrières, devenue veuve.

Cette église est utilisée par les habitants du village jusqu'au XVe siècle, date à laquelle Jean III d'Arpajon fait construire l'église actuelle (église Saint Jacques).

Parmi les éléments de la "petite histoire" du château, il faut signaler deux épisodes :

- Au XIVe siècle, accusations de sorcellerie contre Brenguier d'Arpajon et séquestration d'Hélène de Castelnau

- En 1404, mort du vicomte d'Armagnac, aveuglé par sa femme.

 

En 1705, le château de Brousse sera vendu à Gelly de Grandsaigne par Catherine Françoise d'Arpajon, dernière héritière de la famille.

En 1839, le château sera acquis par la commune pour servir de presbytère. Laissé à l'abandon, il a été restauré dans les années 1970 par une association de bénévoles, la "Vallée de l'amitié".

 

Jusqu'en 1700, la seigneurie de Montclar dépendra de la baronnie de Brousse-le-Château qui appartient à la famille d'Arpajon.