Héritage : des traditions qui perdurent !

Les archives départementales de l'Aveyron (3E 13.672, fol. 55-57) conservent un contrat d'affrayrement (donation) établi le 24 mai 1549, entre une belle-mère et son gendre, Guilhalma Cumbeza (Guillauma Combes) et Peire Bartha (Pierre Barthe) du Pouget (Brasc). Ce document précise le contenu de la pension en nature à laquelle pourra prétendre Guilhalma en cas de discorde avec son gendre :

50 livres de chair salée (sans doute du porc)

1 barrique de vin (soit 225 ltres)

12 livres d'huile

6 setiers de seigle (blad seguial), soit 446,40 litres de seigle

Une demi-quarte de sel par an

Les produits du jardin et du bois de chauffage sans limite… le blé étant payé à la Saint Jolia (?) et le vin à la Saint-Michel…

1 robe tous les deux ans, 1 chemise, 1 tablier, des chaussures et des draps chaque année et l'autorisation d'habiter dans la maison jusqu'à sa mort

 

Ce contrat est à rapprocher de celui passé entre Justin Vigroux et ses enfants en mai 1930 au Cabriol . Le donateur se réserve le droit d’habitation, pour deux personnes, à savoir lui (71 ans) et son épouse Berthe Cluzel (65 ans) "dans une chambre de sa maison d’habitation à son choix, garnie des meubles et linges nécessaires notamment deux lits complets".

En cas de non prise en charge par ses enfants, le donateur leur impose l’obligation de lui servir, ainsi qu’à son épouse, les redevances annuelles suivantes, livrables en saison convenable. A savoir :

50 kilos de porc salé (soit 1 kg par semaine pour deux personnes)

5 hectolitres de vin (500 litres, soit près de 2 litres/jour !)

2 oies grasses (pour les fêtes de Noël et Pâques ?)

6 hectolitres de blé

300 kilos de pommes de terre (soit presque 1 kg/jour)

500 francs en argent payable en deux termes semestriels

Le droit au foyer, au bûcher du domaine et au jardin, pour lui et son épouse ainsi que le droit de prendre de tous fruits pour leur consommation et le droit de promenade.

 

Ces redevances en nature et en argent seraient servies jusqu’au décès du premier, après lequel les quantités de denrées en nature seront réduites de moitié pour durer jusqu’au décès du survivant.

 

On voit qu'en quatre siècles, les coutumes ont peu changé : les quantités sont sensiblement les mêmes entre le milieu du XVIe siècles et le XXe siècle, mis à part le blé qui a remplacé le seigle et les pommes de terre qui ont fait leur apparition !

 

 

Ce dernier document permet aussi de mesurer la richesse d'une ferme moyenne de l'époque.

Le même Justin Vigroux fait donation à ses sept enfants des biens suivants :

Des bâtiments d’habitation et d’exploitation

Des terres

Jardin, champs, prés, bois, vignes, châtaigneraie et "autres terres cultes et incultes".

Un cheptel et des outils de travail 

Vingt cinq brebis de lait

Une paire de vaches de travail

Un mulet

Trois cochons

Deux tombereaux et une charrette

Quatre charrues

Divers petits outils de culture "tels que pioches, pelles, faulx, râteaux, haches et autres de même nature".

Des meubles et objets de la maison

Quatre lits garnis en noyer

Deux tables

Douze chaises

Deux armoires en noyer

Un pétrin

Un petit buffet

Une pendule à caisse

Deux chaudrons en cuivre

Batterie de cuisine, vaisselle et poterie

Seize draps de lits usagés

Dix huit serviettes et trois nappes

 

 Alors que la ferme du Cabriol était considéré comme une ferme relativement prospère, cette liste hétéroclite montre à quel point le niveau de richesse a évolué en 80 ans (entre 1930 et 2016) !