IXe et Xe siècles : les comtes de Rouergue
En 814, Louis le Pieux devient empereur. Charles le Chauve est roi d’Aquitaine de 832 à 834, puis de 834 à 845.
Guerre de succession à partir de 840. En 843 Charles le Chauve reçoit la Francie occidentale (partie ouest de la France actuelle).
En 837, Foulques ou Foucaud (Fulqualdus, Fulgualdi, Fulcoaldo) est missi royal en "pago Rutenico” (Histoire Générale de Languedoc 2nd Edn. Tome II, Preuves, LXXXVII, p. 652, and 3rd Edn., Preuves, 160, p. 329).
Il a deux fils, Fredelon et Raymond, qui prennent part en 845 à la reconquête de Toulouse par Charles le Chauve face à Pépin II. En reconnaissance, Frédelon est nommé gouverneur de Toulouse ("Custode Civitatis") de 850 à 852. De son côté, Raymond est nommé comte de Rouergue et comte de Quercy en 849.
A la mort sans postérité de Frédelon, Raymond (dit Raymond 1er) devient comte et marquis de Toulouse. Raymond 1er est considéré comme le fondateur de la dynastie dite Raymondine.
Avec sa mère et son épouse Berteyz, il fonde en novembre 862 l'abbaye de Vabres. Cette abbaye est fondée sur la base d'une villae, de deux églises et de serfs. Elle devient rapidement le sanctuaire patrimonial des premiers Raymondins (Histoire Générale de Languedoc. Tome II)
Après les comtes raymondins, les comtes de Rouergue soutiennent l'abbaye, qui connaît un éclat autant temporel que spirituel. Elle fonde des monastères annexes à Nant, Lavernhe et Saint-Léon. Elle possède 300 mas, des villae (anciens grands domaines gallo-romains), des curtis (domaines agricoles), des vignes et des moulins…
Malheureusement, elle est victime de dérives simoniaques (achat et vente de charges ecclésiastiques, etc.) malgré son rattachement à Saint-Victor de Marseille en 1061.
L'abbaye deviendra évêché en 1317 sur décision du pape Jean XXII (originaire de Cahors). Son église devient cathédrale, le dernier abbé devient évêque, et les moines chanoines réguliers. Le nouvel évêché regroupe 130 paroisses au sud du Tarn, issues du partage de l'évêché de Rodez. Il connait de nombreuses turbulences durant la guerre de cent ans, et surtout les guerres de Religion (cathédrale brulée en 1568)qui amènent même l'évêque à habiter le château de Saint-Izaire pendant plusieurs années...
L'évêché est supprimé en 1793.
A la suite du Concordat, le diocèse sera rattaché à Cahors, puis à celui de Rodez reconstitué en 1822.
Les deux fils de Raymond 1er lui succèdent : Bernard de 865 à 875, et Odon (Eudes, Odonus) de 875 à 919.
Odon a deux fils. Raymond II, l'ainé, lui succède comme Comte de Toulouse (918), tandis que Ermengaud, le cadet, devient comte de Rouergue.
Ermengaud (919-937) fonde alors la branche des comtes de Rouergue. Suivent en ligne directe Raymond I (937-961), Raymond II (961-1010), Hugues (1010-1054) et Berthe (1054-1066). A la mort de cette dernière, Raymond IV dit Raymond de Saint-Gilles (vers 1042 - † 1105) s’empare du comté de Rouergue (]Histoire Générale de Languedoc 3rd Edn. Tome V, Preuves, Chartes et Diplômes, 260, col. 515). Désormais le comté de Rouergue suit le sort du comté de Toulouse sans pour autant lui être intégré.
Cependant, les comtes de Rouergue ne peuvent empêcher la montée en puissance d'un réseau complexe de vassaux, l'apparition d'un maillage complexe d'hommages et le partage des droits seigneuriaux.
Parmi les plus anciens vassaux, figurent les barons d'Arpajon, Séverac, Landorre ainsi que les comtes de Milhau, de Rodez… certains ne brillant pas toujours par leur fidélité à la dynastie raymondine : Millau passera dans la maison de Barcelone et Henri 1er de Rodez rendra hommage à Simon de Montfort en 1214.
C'est à cette époque qu'émerge la langue romane…
Côté économie, de nombreuses villae gallo-romaines sont démembrées en manses (qui deviendront des "mas"). De cette époque date les dénominations suivies du nom du propriétaire : le mas de…, ou la borie de… (de "boria" qui signifie ferme).
De cette époque date aussi sans doute le Cabriol, dont le nom viendrait du catalan "cabirol" (chevreuil).