XXe siècle : guerres mondiales et déclin de Montclar

Première guerre mondiale

 

Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.

Le conflit dure quatre ans et fait huit millions de morts, dont 14 974 aveyronnais parmi lesquels on compte 9 212 paysans. Le conflit prend fin le 11 novembre 1918 avec la signature de l’Armistice.

La commune comptait 649 habitants en 1911 ! Quarante-huit jeunes soldats ne reviendront pas du Front et verront leur nom gravé sur le Monuments aux morts de MontclarCe qui place Montclar parmi les communes très touchées par la guerre (la moyenne nationale est de 4,5%).

 

 

Durant l’hiver 1918 / 1919, la grippe espagnole frappe et tue à son tour plus de plus de 400 000 personnes en France (30 millions de morts dans le monde, soit quatre fois plus de morts que la guerre de 14-18 !). Ces hivers-là, de nombreuses personnes décèdent à Montclar.

 

La population de la commune passe ainsi de 649 habitants en 1911…à 541 habitants en 1921, puis 452 en 1926. En à peine 15 ans, Montclar perd 30% de sa population !

 

Deuxième guerre mondiale

 

Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne.

Montclar se trouve en « Zone libre » jusqu'en 1942.

 

En mars 1942, 441 juifs français et 477 juifs étrangers (dont 247 Polonais) sont officiellement dénombrés dans l'Aveyron. (Source : http://www.ajpn.org/departement-Aveyron-12.html)

Le 26 août 1942 se déroule la première rafle de grande envergure : domiciles répertoriés, lieux de rassemblement et moyens de transport réquisitionnés… gendarmes et les gardiens de la paix prévenus au dernier moment. Les résultats sont proches des objectifs : 176 arrestations pour 200 environ possibles dans une trentaine de communes : 46 à Saint-Affrique, 27 à Millau, 8 à Creissels et Villefranche, 7 à Camarès, 30 à Valady et Naucelle ou encore 5 à Versols-et-Lapeyre. Les autobus réquisitionnés à Brasc, Decazeville, Espalion, Réquista, Sauveterre, Saint-Affrique et Villefranche, assurent le ramassage selon des itinéraires complexes. De Saint-Affrique vers Camarès et Brusques, de Millau vers La Cavalerie et le Caylar, de Villefranche vers Tanus et le Tarn les 9 cars gagnent le camp de Rivesaltes et y déposent 58 hommes, 71 femmes et 47 enfants.

  

11 novembre 1942 : invasion de la Zone libre

 

Montclar est très à gauche avant la guerre. La municipalité est influencée par les idées socialistes d’un jeune instituteur communiste, Rolland Caumes (né le 1.12.1912 à Bordeaux, mort le 22.08.1999 à Saint-Affrique).

 

En 1941, revenant de la foire de Saint-Affrique, les hommes de Montclar s’arrêtent au café Bousquet, à Faveyrolles, et y chantent l’Internationale.

Suite de cet épisode, le Maire (Théophile Guitard) et le Conseil municipal de Montclar sont révoqués. L’enquête de police dure plusieurs semaines et l’affaire est même évoquée à Vichy. Il s’en faut de peu que plusieurs personnes ne soient arrêtées et déportées.

 

Peu après, Cabrol, un jeune postier dynamique et vraisemblablement communiste, arrive à Montclar…

 

Février 1943 : création du STO (service du travail obligatoire) par le gouvernement de Vichy afin de compenser le manque de main-d'œuvre dû à l’envoi des soldats allemands sur le front russe. Cette mesure provoque le passage à la clandestinité de près de 200 000 réfractaires, dont environ un tiers rejoint les rangs du maquis…

La commune de Montclar accueille aussi des réfractaires issus de familles ou d’amis proches qui se cachent, par exemple, dans les bois au-dessus de Palaret.

 

A partir de fin 1943, la résistance dans la commune est organisée avec l’appui du couple Delon par Raymond Fournier[i]. Celui-ci est enseignant à Saint-Affrique. Requis par le STO, il entre dans la clandestinité. Devenu « commandant Charles », ses activités clandestines l’amènent à parcourir la région (sa sœur est institutrice à Salelles). Il organise notamment le FN dans le saint-affricain et le sud-Aveyron. Il sera également responsable départemental des FUJP (Forces unies des jeunesses patriotiques). En février 1944, il devient responsable de l’organisation militaire aux maquis, crée le « système de la chaîne » (petits maquis légers et mobiles de la Montagne noire à l’Aubrac). Il devient chef départemental FTP en juillet 44 puis commandant-adjoint des FFI en aout, avant de partir au front au sein du 81e RI (regroupant les maquis locaux).

 

Cabrol, le postier de Montclar, anime un Comité FN (le Front national, ou Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, est un mouvement créé par le Parti communiste français en vue de réunir des Français voulant lutter contre Hitler, quelle que soit leur position politique).

Parmi ses membres : Guitard (Maire), Delon (Secrétaire de mairie), Chamayoux, Crassous, Marcucchi, et Albert Barthe (chez qui l’Etat-major départemental des FTPF se repliera en juillet 1944 après l’attaque de Coudols au Viala-du-Tarn).

A Coupiac, un petit groupe de patriotes se forme autour de Viala, le coiffeur.

 

 

Mai 1944 : première tentative d’implantation d’un maquis FTPF à Montclar par quelques jeunes gens venus de Millau. En l’absence de chef et d’armes, le groupe vivote et n’est pas forcement bien perçu par toute la population. « Il ne peut se garder convenablement » explique R. Fournier dans son livre ! L’aide vient de Lacaune et met fin à cette situation précaire.

 

Création de maquis sur les communes voisines de Montclar :

Maquis de Saint-Sernin (4215e Cie FTPF - 35 maquisards) de juin 44 au 22 août 1944.

Maquis de Martrin et Montclar (4213e Cie FTPF - 75 maquisards) de mai 44 au 22 août 1944.

Le Maquis de Martrin est initialement installé dans la ferme du Saunal qui domine la vallée du Gos, près de Saint-Exupère.

 

Montclar devient alors la plaque tournante de l’activité FN-FTPF dans le Saint-Affricain (les Francs-tireurs et partisans français, également appelés Francs-tireurs et partisans, ont été créés par le Parti communiste français. Le Front national est considéré comme un mouvement, les FTP comme ses groupes paramilitaires).

A Plaisance se cache à la même époque « Henri », un Lituanien qui fera déserter les soldats Vlassovs de Saint-Affrique le 16 août 1944.

 

Le Maquis de Martrin (4213e compagnie) absorbe le groupe de Montclar et compte jusqu'à 80 combattants. Ce maquis est d’abord dirigé par Pierre Maubert, dit « Robert », puis par Werner Iff, dit « Maria » (ce dernier est marié avec Simone Iff militante des droits de la femme, présidente du Planning familial de 1973 à 1980). Il participera aux combats de Carmaux le 18 juillet 1944, de Saint-Sernin le 31 juillet 1944.

 

24 juin 1944, attentat à Broquiès : un résistant nommé « Tito » tue un officier allemand. Les allemands investissent le village (les hommes ont fui) le 25 juin et amènent le secrétaire de mairie, Fernad Boudet, qui restera emprisonné jusqu'à la mi-août à Rodez.

 

 

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie.

 

Le 18-20 juin 1944, le maquis Stalingrad passe à Martrin et Coupiac.

 

28 juillet 1944 : Installation du PC départemental des FTPF à Montclarchez Albert Barthe, à la Borie de Pujols sous la protection du maquis de Martrin.

 

31 juillet 1944 : Combats à Saint-Sernin auxquels participent les 4215e et 4213e Cie des Francs-tireurs et partisans français. Après les combats, quatre civils sont exécutés (un à St-Sernin, deux à Pousthomy et un à Miolles).

 

Le 5 août 1944, une colonne allemande en provenance d’Albi passe à Réquista. Il s’agit de la 11e Panzer division de la Wehrmacht. La résistance décide de lui tendre deux embuscades le 6 août 1944, au lieu-dit Moulin-de-Clary (route de Réquista à Rodez) puis à proximité de Bonnecombe. Une cinquantaine de maquisards attaque le convoi de 30 camions durant 40 minutes au lieu-dit Moulin-de-Clary. Au total, six maquisards et un civil (le meunier Enjalbert) sont tués. Au village de La Selve, évacué par crainte de représailles, ils dynamitent l'Ecole publique (où est installé le PC du maquis), puis pillent et saccagent plusieurs maisons. A Cassagnes-Bégonhès, la colonne emmène deux otages, dont Laignel de Salmiech qui sera fusillé à Sainte-Radegonde le 17 août.

La deuxième embuscade à lieu à proximité de l’Abbaye de Bonnecombe. Trois maquisards sont tués tandis que les allemands perdent cinq camions et une quarantaine de soldats. Deux civils (Thomas, ingénieur des Ponts et Chaussées, et Raynal, cultivateur) sont fusillés.

Un monument de granit, visible au Moulin-de-Clary, commémore ces morts.

Le 18 août 1944, les troupes allemandes quittent Rodez.

 

16 aout 1944 : désertion des soldats Vlassovs de Saint-Affrique. Sous le contrôle du maquis, ils sont regroupés à Montclar, où leur arrivée provoque quelque affolement à cause de leur uniforme allemand, avant d’être redirigés ensuite sur Albi.

 

L'Armée de Vlassov (également dite ROA ou Armée de libération Russe) était formée de volontaires russes (essentiellement des prisonniers de guerre soviétiques, des Ostarbeiter (travailleurs de l’Est) et des émigrés russes blancs) armés par l’Allemagne et placés sous les ordres du général Andreï Vlassov. Espérant gagner la faveur des Alliés, ces troupes déserteront ou se retourneront contre l'armée allemande dans les derniers mois de la guerre. Les Alliés refuseront de leur accorder l'asile et les livreront avec femmes et enfants aux soviétiques, qui les déporteront en Sibérie.

 

Le 22 août 1944, les maquis de Martrin et Saint-Sernin sont dissous…

 

Werner Iff commandant 4213e compagnie FTPF de Martrin

 

Le 8 mai 1945, fin de la deuxième guerre mondiale.

 

Théophile Guitard, maire de Montclar, est nommé au CDL (Comité de Libération) de l’Aveyron.

 

Réalisation de la « Trouée du Roc » sur la route entre Saint-Igest et Montclar par des prisonniers allemands, logés chez l'habitant. Avant que cette route ne soit créée, de nombreux chemins permettaient de monter sur le « plateau » comme le montrent les photos aériennes de 1945. Cette route n’est goudronnée que dans les années 1970. 

 

A partir de 1945, l’exode rural se poursuit inexorablement (388 habitants en 1946, 147 en 1999) avant de se stabiliser au cours de ces dix dernières années.

La commune ne compte plus aujourd'hui que sept exploitations agricoles !